Construction du spectacle RESSAC / partie 1

Je suis ravie de vous faire entrer dans les coulisses de ce nouveau projet, qui est né avant tout d’une histoire personnelle remplie d’une Hollande qui m’échappe sans cesse… La Hollande d’une enfance, avec des yeux d’enfants, et une histoire qui sans cesse vit le ressac de l’eau, qui couvre autant qu’elle laisse à découvert...

Les prémisses du projet, un voyage à vélo aux Pays-Bas

C’est venu d’un truc qui tord le ventre par moments. Une histoire familiale qui joue à cache-cache. Une maman hollandaise qui a quitté la Hollande il y a plus de trente-cinq ans. Une langue qui sonne comme familière et que pourtant je ne comprends pas. Des fractures comme des entorses dans le long fil qui tisse une histoire familiale. Et puis une longue, très longue absence là-bas, d’une dizaine d’années…

Le projet naît d’y retourner, de faire un voyage. Et comme la Hollande est le pays du vélo, je me promets de tenter l’aventure par ce biais-là. Avec Thomas, nous enfourchons nos deux-roues, et la plongée dans cette Hollande oubliée commence….

Cela n’est pas simple en soit, car je ne suis pas à l’aise du tout avec mon histoire familiale. Mais étonnamment, lorsque j’arrive là-bas, je me rends compte que c’est normal, naturel. Comme une pièce de puzzle qui se remet tranquillement au bon endroit. Cela résonne c’est tout. Les petits déjeuner gargantuesques, l’accueil hollandais hors pair, le dring des vélos qui chante, la pluie qui s’invite et qui ne déstabilise nullement un hollandais dans sa bonne humeur, des thés à foison, et surtout l’eau… La présence de l’eau, partout omniprésente.
Les canaux, les polders, les usines à vapeur…. L’eau d’un pays qui s’est construit, à la force paysanne, sous le niveau de mer.

En pédalant, je retrouvais sans cesse des bribes d’enfance, ressenties cette fois avec mon cœur d’adulte. De la pluie (un peu), du soleil (beaucoup), des oiseaux par centaine de milliers, une tendinite, et surtout des souvenirs qui se plaquent sur le passé. Un apaisement.

Au retour, je laisse décanter. Tout cela remue, et comme la pâte, on dit qu’il faut laisser reposer. Et puis, deux années plus tard, les prémisses d’un nouveau texte sont posés sur un coin de papier.

La Cité engloutie, une légende néerlandaise

Je n’ai finalement conservé de cette histoire que l’image d’une cité qui prend son essor, vit et s’étend et puis un jour disparaît sous les eaux. Une cité dont on n’entend plus que les cloches qui résonnent sur la mer… Entre pêche, vélos, moulins, moutons, oiseaux de berges, digues et omniprésence de l’eau sous toutes ses formes… Ce conte a notamment été publié dans la revue n°16 de Baïka, une revue pour les enfants de 8 à 12 ans basée sur le voyage, les pays du monde et la diversité culturelle.

J’ai réécrit le texte. Il y a encore du travail, mais l’idée de base est de jouer autour d’une ritournelle qui revient sans cesse :
“L’histoire que je vais vous raconter vient du plus profond de l’eau.

L’histoire d’un village dans une province hollandaise.

Un village construit par les forces des femmes et des hommes, leurs forces unies pour que la terre l’emporte sur la mer… 

Creuser, ratisser, tasser… l’eau ruisselle et revient.

Creuser, ratisser, tasser…. l’eau minaude et s’invite.

Creuser, ratisser, tasser…. l’eau s’arrête et contemple.

Creuser, ratisser, tasser… l’eau cohabite.”

Du texte naît les premières idées de décors. Au centre un pop-up qui se plie et déplie. Des aimants, du scratch, des tirettes pour coller…décoller, scratcher, tourner… Des papiers de différentes épaisseurs pour jouer avec la lumière et les l’ombre. J’ai appris de mes erreurs, cette fois je veux une structure LEGERE et MODULABLE (rires) ! Pas de voiture pour transporter les décors, donc il faudra que tout rentre dans des sacs à roulettes et des valises (on ne s’appelle pas la valise indigo pour rien, on assume jusqu’au bout non mais).

Ci-dessus les images de la première étape d’échauche. Travail autour du carton de départ, peinture, posca, collage. C’est toujours ingrat les débuts, parce qu’il y a un côté où se dit « c’est moche » (je préfère la dernière étape lorsqu’on fignole les derniers petits détails bien entendu). Mais cette fois, j’ai pris le temps de consolider les choses comme je le souhaitais. C’est-à-dire qu’on puisse bien plier, déplier l’ensemble. Pas de matériaux trop fragiles. Penser qu’il faut que ça puisse se voir de loin, et de près… jouer avec les échelles. Bon, il y a du boulot, mais c’est déjà un début.

Article rédigé par Bérénice Primot